Un jour, dans un futur proche, un groupe de citoyen-ne-s sont appelés à décider de la culpabilité d’un jeune homme accusé d’avoir tué son frère. La peine de mort n’existe plus… pour l’instant. Mais les lois sont durcies, on doit purger le pays de ses éléments dangereux, les envoyer au loin, les déchoir de leur existence civile.
Réaliser l’enquête, établir les faits, identifier le responsable, appliquer une sanction légale proportionnelle à l’acte commis : ainsi nous lavons les fautes et nous redressons les torts. La société établit des lois. La société rétablit la paix ; la société ne doit pas être coupable de laisser courir des coupables. Si seulement l’on pouvait s’en tenir là.
La Communauté imaginée pose la question du jury populaire, comme laboratoire d’une expérience démocratique où nous pouvons chercher, retrouver, inventer ce qui nous est commun. Par cette expérience bouleversante, elle nous confronte au pouvoir que nous avons sur le réel, à la difficulté de rechercher en soi la vérité et l’intime conviction, pour rendre justice à la complexité des choses.
La communauté que forme ce jury populaire est une micro-société. Il y a des timides, des frustrés, des raisonnables, des haineux, des paumés, des précaires et des installés : un groupe qui traverse divers états de la construction de sa décision, comme autant d’étapes dans laquête d’un accord introuvable.
Les opinions se forgent de convictions, d’intuitions, de déductions logiques ; mais aussi de préjugés, de sens commun ; en tous cas, pas avec le doute.
Pourtant c’est bien le doute, ce sont bien les affects les plus irrationnels, qui règlent nos comportements et nous rendent proprement humains. Face à l’exigence de justice, il y a des durs de l’éthique, des insatisfaits du principe, des frustrés de l’opinion…